BERCEUSE ASSASSINE, de Philippe Tome et Ralph Meyer

Car ce triptyque offre une narration originale qui nous rappelle qu’il n’y a pas de vérité, unique, mais plusieurs interprétations d’une même réalité. Pour le script, cinématographique, et le dessin tricolore, noir, jaune et taupe, sombre et réaliste.

UNE NARRATION À TROIS VOIX. C’est bien sûr une des trouvailles de ce récit de vengeance dont la trame scénaristique assez classique prend du relief grâce à cette originalité dramatique. Trois parties, trois acteurs, trois points de vue, trois raisons de tuer pour une seule histoire de meurtre. Un chauffeur de taxi au bout du rouleau qui compte les battements de son cœur malade. Une femme handicapée qui ne sourit jamais. Un Indien énigmatique. Et des personnages périphériques qui prennent plus ou moins d’ampleur au fil du récit. Une belle idée d’histoire conçue selon un puzzle qui offre son bon lot de surprises, chaque tome prenant la voix singulière d’un des protagonistes.

À LA MANIÈRE D’UN FILM NOIR. Forgée sous les feux croisés du polar et du rêve américain, l’ambiance de cette Berceuse rivalise avec celle des meilleurs films noirs américains sis dans le New-York interlope de Taxi Driver (1976, Martin Scorsese) ou Panique à Needle Park (1971, Jerry Schatzberg).

EN SEPIA, JAUNE ET NOIR. Noir comme le polar, jaune comme les taxis new-yorkais, sépia comme un vernis intemporel. Le découpage efficace, la mise en page dynamique, les décors dessinés avec minutie et les cadrages au noir réalisme sont la première œuvre d’un jeune auteur, Ralph Meyer, promis à un brillant avenir (XIII MYSTERY, The Undertaker…).  Il restitue avec un grand talent la tension des rapports humains, la menace de la nuit new-yorkaise, la noirceur des sentiments