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Dans un futur proche, Paris vit sous le régime de la dictature. Nikopol, c’est le nom d’un homme en orbite stationnaire et pénitentiaire qui redescend accidentellement sur Terre. Horus, un dieu égyptien se sert de lui pour assouvir sa soif de pouvoir alors qu’une pyramide flotte au-dessus de la ville, dans laquelle vivent les Immortels dieux égyptiens. Ce chef-d’œuvre d’anticipation et de politique-fiction tient une place à part dans l’univers de la bande-dessinée. Une œuvre décisive qui a valu à Enki Bilal d’être consacré comme l’un des auteurs culte de la bande dessinée contemporaine, tant auprès du grand public que de la critique.
Trois albums constituent cette trilogie : La foire aux immortels (1980), La femme piège (1986), Froid Équateur (1992).
Pour son univers totalement original et singulier, baroque et angoissant, abondamment copié. Car au-delà des scénarios parfois trop compliqués je vous l’accorde, demeurent intactes l’émotion, l’imagination, le lyrisme. Et l’humour ! Car Bilal a su construire, au travers de ses univers futuristes, une œuvre noire et politique, ancrée dans les obsessions de ses contemporains, pour devenir un auteur classique de la bande dessinée sans cesser d’en repousser les frontières. Car la science-fiction d’hier nous parle du monde d’aujourd’hui.
UNE CERTAINE VISION DU MONDE. D’HIER. ET DE DEMAIN. Bilal, né à Belgrade en 1951 d’une mère tchèque et d’un père musulman (laïque) bosniaque, exilé en France à l’âge de 10 ans, imagine cette série d’anticipation en s’inspirant de faits historiques vécus et avérés, comme il le livrait lors d’une interview au Monde. « La trilogie Nikopol appartient au XXe siècle : un monde bipolaire, avec une obsession du pouvoir que je traite de manière grand-guignolesque. Mais, pour moi, le XXe siècle s’est achevé en 1989, avec la chute du Mur. » Ainsi, réalisée sur une période de 12 années, la trilogie (dont le héros emprunte les traits à l’acteur Bruno Ganz) se distingue par son univers baroque et un contexte dictatorial en partie nourris par le régime de Tito dans lequel il a grandi. Un récit au croisement de la SF, de la politique fiction, du roman noir et du drame romantique. Inclassable et magnifique.
UN PEINTRE DE BANDE DESSINÉES. Des cheveux souvent rouges ou bleus, des visages fermés aux traits marqués, des corps en souffrance, des villes brumeuses… Le style graphique, si expressif, d’Enki Bilal, immédiatement reconnaissable, a traversé quasiment 50 années sans prendre une ride. Flashback. Le premier album de la trilogie est sorti en 1980 alors que le style franco-belge classique faisait l’unanimité dans l’univers de la BD. C’est dire la claque visuelle et scénaristique que constituait ce récit futuriste, visionnaire et prospectif, abordant des thèmes intemporels qui imprègnent toute son œuvre : fascismes, terrorisme, pollution, mutations génétiques, abus de pouvoirs, guerres infertiles, inégalités irréductibles, déshumanisation… Le tout dénoncé dans un dessin reconnaissable entre mille fait de couleurs directes, opaques, traitées à la gouache ou l’acrylique. Où chacune des cases est composée comme une œuvre séparée, créant à la lecture un sentiment de juxtaposition, à l’encontre du principe d’enchaînement graphique sur lequel se fonde toute bande dessinée.
ET L’AMOUR DANS TOUT ÇA. Jill Bioskop et Alcide Nikopol, un couple hors du commun. La femme piège et sa chevelure bleue, fait partie des icônes de la femme vue en héroïne forte et sensible. Elle apparait dans le tome 2 de la saga, pour incarner un personnage féminin charismatique, alter ego de Nikopol, tous deux embarqués dans une histoire d’amour aussi compliquée que romantique.
Auteur(s) :
Enki Bilal
Titre français :
La Trilogie Nikopol
Titre original :
La Trilogie Nikopol
Date de publication en France :
La foire aux immortels (1980), La femme piège (1986), Froid Équateur (1992).
Éditeur :
Casterman
Autres :
L'album Froid Équateur élu meilleur ouvrage de l'année 1992 (toutes catégories de livres confondues) par le magazine Lire.
Bibliographie très sélective de cet acteur majeur de la scène BD, mais pas que.
Longue et très fructueuse collaboration avec Pierre Christin au scénario :
Légendes d’aujourd’hui chez Dargaud :
Fins de siècle : deux chefs-d’œuvre incontestables
Avec la trilogie Nikopol, Bilal se lance en solo en 1980.
La Tétralogie du Monstre (scénario et dessin), édition complète Casterman, 2007 qui reprend :
Bug (scénario et dessin) :
Le dessinateur s’est aussi fait cinéaste, car chez lui la BD nourrit son cinéma et inversement : Bunker Palace Hôtel (1989) ; Tykho Moon (1996) ; Immortel (2002).
Rollerball (1975) de Norman Jewison. Avec James Caan, John Beck, John Houseman, Maud Adams. Un classique du film d’anticipation. En l’an 2018 ( !!!), les cadres dirigeants se sont substitués aux hommes politiques, et les États ont été remplacés par six départements mondiaux : Énergie, Luxe, Alimentation, Logement, Communications et Transports. Grâce à cette organisation, tous les hommes jouissent d’un confort matériel inégalé. Mais une société en paix a besoin de purger les pulsions violentes de ses membres. C’est dans ce but qu’a été créé le Rollerball, un sport très violent, à la fois mélange de hockey, de boxe, de football américain…
Blade Runner (1982) de Ridley Scott. Avec Ridley Scott, Rutger Hauer, Sean Young, Daryl Hannah… Culte, comme vous le savez tous.
Le Cinquième Elément (1997) de Luc Besson. Avec Bruce Willis, Milla Jovovich, Chtis Tucker, Gary Oldman, Ian Holme. New-York au XXIIIème siècle. Une énorme boule de feu fonce sur la Terre et menace de l’anéantir. Un vieux moine connaît le moyen de l’arrêter : il faut retrouver le Cinquième ɲlément qui, associé à l’air, l’eau, le feu et la terre, peut seul repoussser le Mal. Un film au confluent de nombreuses influences