’71, d'Yann Demange

Parce que ce premier film, qui tient à la fois du thriller politique et du film de guerre, est captivant. Parce qu’il nous instruit sur une guerre civile finalement assez méconnue de ce côté-ci de la Manche. Car il nous offre une véritable expérience immersive. Parce que c’est un premier film très abouti.

UNE HISTOIRE UNIVERSELLE. Certes, ’71 est un film de guerre qui traite du conflit armé opposant Irlandais du Nord et Britanniques, au cœur d’une Belfast embrasée. Mais on pourrait aussi bien se trouver en Irak, en Afghanistan ou au Vietnam tant le propos est universel qui scrute au plus près l’enfer de la guerre. Soit la traque d’un soldat x plongé dans la grande marmite de l’Histoire qui devient folle et mène au chaos.

UNE MISE EN SCÈNE SAISISSANTE. Coup d’essai coup de maître. Yann Demange, jeune réalisateur Français vivant en Grande-Bretagne dont c’est le premier long métrage, filme avec sobriété et intensité ce paysage urbain omniprésent. Il signe une mise en scène brûlante où la fureur est palpable, mais sans en faire trop. Nul besoin de donner dans le spectaculaire quand la caméra est aussi immersive et suit au plus près les combattants, colle au bitume pour se glisser dans le dédale des rues détrempées de Belfast nocturne. Une caméra qui n’oublie pas de témoigner d’une époque nourrie de fureur, de violence et de misère à l’occasion de quelques scènes d’anthologie. Une expérience saisissante qui nous laisse sous le choc.

UN THRILLER QUI ALLIE LE POLITIQUE ET L’INTIME.  Le scénario, nourri d’action, de tension, de suspense et de course-poursuites, prend aussi le temps de dessiner des personnages complexes, tiraillés par des sentiments contradictoires. L’intrigue pose les bases du combat politique, met en présence militaires et séparatistes, puis offre aux personnages des situations explosives qui mettent à l’épreuve ce qui les définit profondément : leur courage, leur ambition, leur sens de l’honneur.