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Un petit village de Savoie enneigé s’apprête à fêter tranquillement Noël. Une série d’événements plus ou moins tragiques vient troubler les festivités. Sur fond d’enquête, de trahisons et de superstitions locales, c’est finalement un Réveillon bien mouvementé qui se profile… Un classique du patrimoine cinématographique français, à savourer en famille, dès 8 ans.
Pour la poésie et le charme de ce conte de Noël qui tient à la fois de l’intrigue policière et de la chronique villageoise. Parce que c’est un divertissement savoureux. Pour la fraîcheur de l’atmosphère, la candeur des personnages, le cabotinage des acteurs. Car Harry Baur est énorme. Car les trahisons, rumeurs et diverses accusations qui traversent le récit ne seraient pas sans lien avec un certain contexte politique dramatique de 1941, date de sortie du film.
UN CONTE DE NOËL ? L’assassinat du Père Noël est la première œuvre produite par la Continental-Films, société française sous capitaux allemands créée par le sinistre Goebbels. Christian-Jaque accepta d’adapter le roman de Pierre Véry à la condition d’échapper à toute incitation à la propagande. Le fait est qu’avec le recul, le film se pare de plusieurs niveaux de lectures possibles. Soit une enquête habile et rondement menée. Soit le portrait d’une certaine campagne française. Soit une peinture d’un pays sous occupation allemande, qui à la manière (certes beaucoup moins évidente) d’un Corbeau (1939, Henri-Georges Clouzot), dénonce un microcosme où tout le monde épie tout le monde et dénonce ses congénères. Dans tous les cas, ce film nous offre un moment de cinéma poétique et malicieux, à la frontière du réel et empreint de l’univers magique et mystérieux de l’enfance.
UNE CHRONIQUE VILLAGEOISE. Baignant dans une atmosphère étrange et poétique, ce drame policier devenu un classique du patrimoine, réunit une jolie galerie de personnages lunaires et hauts en couleurs, joués par des acteurs stars de l’époque. À commencer par le père Cornusse joué par Harry Bauer, immense d’humanité. Sa fille, toute parée de douceur et d’excentricité, ressemble à s’y méprendre à une fée qui aurait perdu son chemin dans une enquête policière. Vous remarquerez une apparition de Bernard Blier plutôt étonnante et radicale dans son genre. Mon tout donne un film est un peu bancal, rocambolesque, foutraque. Mais délicieusement désuet et finalement léger.
UN ENCHANTEMENT SOUS LA NEIGE. Pathé ayant eu la grande idée de sortir une version restaurée en 2015, le film est désormais plus facile d’accès pour les jeunes, auxquels il est avant tout destiné, grâce à une image et un son nettement améliorés. Retrouvant une certaine grâce originelle, cette version restaurée restitue toute la beauté de ce village enneigé, magnifié par la mise en scène de Christian-Jaque. Classique certes, mais qui fait totalement le job.
Titre original :
L'assassinat du Père Noël
Réalisation :
Christian-Jaque
Scénario :
Charles Spaak, Pierre Véry
Casting :
Harry Baur, Renée Faure, Fernand Ledoux, Robert Le Vigan
Bande Originale :
Henri Verdun
Nationalité :
Française
Langue de la VO :
Français
Année de sortie :
1941
Durée :
1h45
Couleur / noir et blanc :
Noir et blanc
Deux autres œuvres adaptées des romans de Pierre Véry sont proches de l’esprit de L’assassinat du Père Noël :
À noter par ailleurs que le scénariste de L’Assassinat du Père Noël, Charles Spaak, a signé 95 films au cours de ses 35 ans de carrière, dont quelques chefs-d ’œuvres impérissables s’inscrivant dans une certaine veine réaliste : La Belle équipe (1936) de Jean Duvivier, La Grande Illusion (1937) de Jean Renoir, Gueule d’Amour (1937) et Le Ciel est à vous (1943) de Jean Grémillon… Pour en citer quelques-uns.