LE DIABLE N’EXISTE PAS, de Mohammad Rasoulof

Film
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4 contes moraux

Le pitch

Iran, de nos jours. Quatre récits reliés par un même fil rouge questionnent des enjeux aussi dramatiques qu’inhérents au régime Islamique au pouvoir. La peine de mort*, la responsabilité individuelle et le sens du devoir. Un hymne à la liberté, au courage et à l’esprit de résistance. Par un réalisateur en sursis, maintes fois emprisonné, et qui jamais ne renonce. Un film indispensable, interdit de sortie dans les salles en Iran comme les 7 précédents du réalisateur.

*Derrière la Chine, l’Iran est le pays qui détient le sinistre record d’exécutions (par pendaison), en application de la peine de mort (246 au moins en 2020 selon Amnesty International).

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que Mohammad Rasoulof, avec le soutien de tous ses acteurs (dont sa fille, Baran, dans Embrasse-moi), défie le régime en exprimant haut, fort et clairement sa réflexion sur le rôle crucial de la responsabilité individuelle dans un régime autoritaire. Car on s’y interroge sur les rapports de force qui existent entre les individus, la société et le pouvoir. Parce qu’on comprend que le courage n’exclut pas l’égoïsme. Parce que ce film tellement courageux dévoile le vrai visage de la société iranienne jusque dans ses questionnements les plus existentiels. Qu’enfin les femmes, même filmées au second plan, jouent un rôle déterminant de par leur foi, leur pragmatisme, leur humanité.

LE PRIX DE LA RÉSISTANCE. Les quatre histoires qui composent Le Diable n’existe pas convoquent des dilemmes que certains peuvent avoir (ou pas) face à la peine de mort dès lors qu’elle devient tangible, concrète, juste là, à portée de conscience. Elles sont autant de preuves du courage individuel dont il faut faire preuve pour s’affranchir de tout despotisme. Un libre arbitre et un sens du devoir qui coûtent très cher mais qui peuvent apporter, dans le meilleur des cas, une formidable délivrance. Un sacrifice que l’on choisit pour soi-même, certes, mais dont l’impact se répercute également sur les proches. Car la fierté de l’acte héroïque vient effacer tout autre réalité, notamment familiale. Le récit n’élude pas la question de l’égoïsme inhérent au combat politique. Enfin, qu’on ne s’y fie pas. Le choix de la soumission aux règles ne garantit pas la sérénité d’esprit pour autant. Elle peut couver un questionnement existentiel, un vide intérieur dissimulé sous le couvert d’une vie bien réglée.

UNE MISE EN SCÈNE D’UNE GRANDE PRÉCISION. Chaque épisode est construit avec minutie, ménageant des indices et des éclairs de tension, pour ouvrir une brèche, un dilemme, annonciateurs de revirements de situations ou de révélations qui créent la surprise, l’émoi, l’épouvante. Sous une sérénité apparente affleurent le soupçon, l’indécision, la tentation de résistance, d’insoumission, du choix radical qui pèsera lourd. La mise en scène se met au diapason de cette tension immanente, qui soudain s’abat avec la violence d’un couperet. On peut en avoir le souffle coupé.

RASOULOF, UN HOMME INTÈGRE. Comme tous ses personnages, le réalisateur Mohammad Rasoulof paie cash sa désobéissance et sa liberté de ton. Emprisonné à plusieurs reprises, et susceptible d’être arrêté à tout moment, vivant seul en Iran alors que sa femme et sa fille se sont exilées, il tourne en semi-clandestinité et doit employer tous types de stratagèmes pour pouvoir tourner. Ne serait-ce que pour honorer ce courage extrême à faire des films où il y met toute sa vie, je vous encourage mille fois à découvrir cet auteur, intègre et fascinant.

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La fiche

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Un Homme intègre (Lerd, 2017). Avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee, Nasim Adabi. Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils, mène une vie retirée et se consacre à l’élevage de poissons d’eau douce. Une compagnie privée qui a des visées sur son terrain est prête à tout pour le contraindre à vendre. Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?