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Paris au début des années 60. C’est une histoire de truands, de trahison et de vengeance (comme souvent chez Melville). Une histoire de confiance (donnée, perdue, questionnée), d’honneur et de délation. Où Melville pose les bases de son style. Un classique. Dès 12 ans.
Parce qu’est l’un des meilleurs films de Bébel. Pour l’atmosphère trouble et l’inspiration américaine. Parce que Melville est un magicien, une incongruité, totalement à part dans le cinéma français. Pour Reggiani, un acteur rare et précieux.
UNE AMBIANCE. Melville a tourné ce polar d’atmosphère en partie dans ses propres studios, à Paris, chez lui au 25bis rue Jenner dans le 13ème, hors des traditionnels circuits de production de l’époque. Filmer chez lui et en totale indépendance figurent parmi les marques de fabrique de ce cinéaste autoditacte. Le Doulos est le deuxième film que Melville tourne avec Belmondo, après Léon Morin, prêtre (1961) et avant L’aîné des Ferchaux (1963). Si Bébel ne sera jamais vraiment à l’aise dans sa relation avec ce réalisateur taiseux, exigeant et possessif, réputé pour maltraiter ses acteurs, leur collaboration artistique fera date. On découvre déjà dans Le Doulos ce qui constituera le style si caractéristique de Melville. Une obsession pour le monde de la nuit et les milieux interlopes. Les silences signifiants. Les histoires de trahison et de vengeance. L’influence assumée et francisée du film noir américain (Melville porte Stetson et Ray-Ban et conduit une Ford Galaxy). Le minimalisme – dans la mise en scène comme dans le jeu des acteurs – qui réfute tout réalisme. Le tout donne une ambiance singulière, melvillienne.
DES PERSONNAGES AMBIGUS. Le film commence par une citation de Céline (Voyage au bout de la nuit, 1932) : « Il faut choisir, mourir ou mentir. » Flic ou escroc ? Victime ou bourreau ? Les personnages du Doulos sont complexes, agressifs et toujours sur la crête. On y découvre les premiers contours du héros melvillien par excellence. Un personnage d’une totale droiture tout en se posant du mauvais côté de la loi, avec une vision quasi romantique de l’honneur, de la parole donnée et de l’amitié. Une ligne de conduite qui confine au nihilisme et qui annonce le Gu du Deuxième souffle ou encore le Costello du Samouraï. Des personnages maudits qui sombrent et se perdent dans des situations de plus en plus insolubles.
UNE HISTOIRE COMPLIQUÉE. À sa sortie, le film déroute et dérange du fait de sa structure morcelée. Tel un puzzle dont il manquerait des pièces essentielles, le début du récit embrouille les esprits et détruit les repères. Melville utilise ellipses et flashbacks pour finir de compliquer la compréhension de l’intrigue. Cette complexité contribue aujourd’hui au culte du film qui avait cependant rencontré un succès mitigé à sa sortie.
Titre français :
Le Doulos
Réalisation :
Jean-Pierre Melville
Scénario :
Jean-Pierre Melville, D'après le roman de Pierre Lesou
Casting :
Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Jean Desailly, Monique Hennessy, Michel Piccoli
Bande Originale :
Paul Misraki, Jacques Loussier
Nationalité :
France - Italie
Année de sortie :
1962
Durée :
1h44
Couleur / noir et blanc :
Couleur
Ancien résistant qui a rejoint la France libre à Londres, Melville (pseudonyme de Grumbach) choisit l’Occupation comme contexte d’un triptyque remarquable : Le Silence de mer (1947), Léon Morin prêtre (1961) et L’armée des ombres (1969).
Mais son nom reste surtout associé aux films de gangsters, dont il signera quelques grands classiques en sus du Doulos. Tous à voir et revoir sans modération.
Le rouge est mis (1957) de Gilles Grangier. Avec Jean Gabin et Lino Ventura.
Touchez pas au grisbi (1954) de Jean Becker. Avec Jean Gabin, René Dary, Lino Ventura et Jeanne Moreau.
L’Ultime Razzia (The Killing, 1956). Film de Stanley Kubrick. Un casse qui dérape. Avec Sterling Hayden.