LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, de Bruno Podalydès

Film
Bien
Très bien
Un Must
Petit bijou d’humour et de fantaisie

Le pitch

On a tenté d’assassiner Mathilde Stangerson. Le reporter Rouletabille et son ami photographe Sainclair décident de mener l’enquête au château du Glandier (ça ne s’invente pas). L’affaire s’annonce complexe : la chambre jaune était verrouillée de l’intérieur et personne ne semble avoir de mobile. Une adaptation de Gaston Leroux bourrée de charme, qui fait la part belle aux acteurs, à l’esprit bande-dessinée, à la fantaisie. Sans omettre une exigence esthétique évidente. À déguster en famille.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car cette adaptation du Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux (paru en 1907 dans le journal L’Illustration), premier épisode des aventures feuilletonesques de Joseph Rouletabille, promises à un fulgurant succès, est aussi ludique qu’énigmatique. Pour l’univers éminemment original des frères Podalydès, doux mélange de gravité et de drôlerie irrésistible, peuplé d’énergumènes au comportement décalé dans un monde trop rationnel. Parce que le délicieux Bruno Podalydès, un des plus fantasques représentants (avec Lucas Belvaux et Pascal Bonitzer) du renouveau de la comédie d’auteurs française (Versailles rive gauche Voilà ; Dieu seul me voit, Les deux Alfred…), nous divertit sans abdiquer ni la subtilité d’esprit ni l’intelligence du cinéma. Pour les acteurs, facétieux, joueurs, tintinesques. Irrésistibles.

UNE FACÉTIE DÉLICIEUSE. Cette nouvelle adaptation par Bruno Podalydès du chef-d’œuvre de feuilleton policier du début du XXe siècle, ultra populaire, privilégie le saugrenu et la loufoquerie. L’action se déroule aux alentours des années 1920, où une jeune fille est victime d’une tentative d’assassinat dans un lieu clos, dans la demeure des Stangerson, quelque part dans la campagne française. Déguisements, prestidigitation, fausses pistes, rebondissements, logique rationnelle, invraisemblances assumées et digressions facétieuses : tout nous évoque la magie du cinéma, du feuilleton télé (façon Brigades du Tigre), du cinéma moderne (façon Resnais) et moins moderne (le Fantômas de Louis Feuillade) ou de la bande dessinée (façon Hergé). Tintinophile compulsif, le cinéaste a en effet glissé de nombreuses références au petit monde du dessinateur. Impossible de ne pas penser à Moulinsard quand on découvre le château du Glandier, de ne pas superposer Tintin à Rouletabille, Tournesol au professeur Stangerson… L’ensemble est d’une extrême fantaisie, une exploration réjouissante de la mythologie enfantine, qui allie une touche de logique implacable (le whodunit), une pincée d’incongruité ludique (le burlesque) et une pointe de charme désuet (le serial d’antan) : mon tout donne un petit bijou d’humour et de fantaisie.

UN ÉPAIS MYSTÈRE. « Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat. » La résolution du mystère importe peu. Seuls comptent l’enquête et le plaisir pris à essayer de deviner l’identité du coupable et à comprendre la mécanique du crime. Cette farce burlesque n’exclut pas pour autant le suspense, bien réel et habilement mené. Si la comédie occupe une place d’honneur dans ce récit volontiers naïf, il n’en reste pas moins énigmatique et nimbé d’une inquiétante étrangeté. Comme dit Rouletabille, « c’est un très grand, très beau et très curieux mystère ».

UNE PLÉIADE D’ACTEURS REMARQUABLES. Le casting 5 étoiles fait des étincelles. Le réalisateur offre un rôle en or à son frère Denis, époustouflant dans le rôle de Joseph Joséphine, alias Rouletablle, le reporter intrépide qui aime prendre « le bon bout de la raison » pour percer ce mystère apparemment insoluble.  Jean-Noël Brouté, son acolyte de Dieu seul me voit, incarne à merveille Sainclair, son complice gaffeur. Le reste du casting est tout aussi truculent. Pierre Arditi en énigmatique inspecteur Larsan, Sabine Azéma dans le rôle de la victime Mathilde Stangerson tendance Dame aux Camélias, Olivier Gourmet en fiancé émotif, Michael Lonsdale en père aimant et Claude Rich en épatant juge de Marquet. On se réjouit de leur plaisir qu’ils montrent à jouer ces personnages hauts en couleur, si loin de leurs répertoires habituels.

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Je suis très sensible à la fantaisie des frères Podalydès. Filmo sélective :

Le parfum de la dame en noir (2005). D’après Gaston Leroux. Avec Denis Podalydès, Jean-Noël Brouté, Pierre Arditi. Mathilde Stangerson et Robert Darzac, fraîchement mariés, se rendent en villégiature chez leurs amis Edith et Arthur Rance au Château d’Hercule. Mais Larsan réapparaît sur leur chemin et terrorise encore la belle Mathilde. Rouletabille, toujours aidé de son fidèle Sainclair, va mener l’enquête pour découvrir comment Larsan est parvenu à s’introduire dans le château fort.

Versailles Rive Gauche (1992), moyen métrage (48 min) de Bruno Podalydès. Par Bruno Podalydès, Denis Podalydès. Avec Denis Podalydès, Isabelle Candelier, Philippe Uchan. Arnaud, un jeune Versaillais invite une jeune parisienne à dîner chez lui. Après avoir mis les petits plats dans les grands, Arnaud s’aperçoit, alors que Claire, son invitée, est arrivée, qu’il a oublié un détail très grave qui risque de compromettre sa soirée.

Dieu seul me voit (Versailles Chantier). De Bruno Podalydès. Par Bruno Podalydès, Denis Podalydès. Avec Denis Podalydès, Isabelle Candelier, Philippe Uchan. Hommage à l’hésitation qui est « un moment de la pensée juste » à travers les pérégrinations d’Albert, éternel indécis, adepte de l’esprit d’escalier, qui réfléchit avant et après, se demande s’il aime vraiment la raclette, s’il doit traverser oui ou non cette rue, ou s’il est capable de se battre pour défendre le système de santé à Cuba ? Entre deux tours d’élections municipales, il rencontre trois jeunes femmes volontaires qui tour à tour vont le provoquer et l’aider à s’approcher un peu plus de lui-même.

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