LES DISPARUS DE SAINT-AGIL, de Christian-Jaque

Film
Bien
Très bien
Un Must
Polar fantastique

Le pitch

À Saint-Agil, trois élèves ont fondé une société secrète : les Chiche-Capons. Ils préparent dans la plus grande discrétion leur départ en Amérique. Or, l’un d’eux disparait soudainement, prélude à une série d’événements mystérieux qui vont survenir au pensionnat. Un très joli classique qu’on apprécie à tout âge. Un thriller charmant plein de fantaisie à découvrir dès 7 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que c’est un film qui nous renvoie, éternellement, à cet émerveillement que procurent les contes pour enfants, sans mièvrerie ni poncifs. Car c’est le premier grand film de Christian-Jaque. Parce que c’est un petit bijou dont je ne citerais que les principaux atouts : force du scénario, qualité de la mise en scène, casting 5 étoiles. Car les dialogues de Prévert sont savoureux. « C’est pas marrant d’avoir quelqu’un qui lise derrière votre dos, surtout quand c’est quelqu’un qui sait pas lire ! ». Un classique absolument indémodable. Dès 7/8 ans.

UN CONTE FANTASTIQUE POUR TOUS. Cette histoire policière, riche d’éléments fantastiques, se situe dans un pensionnat de garçons, soit un univers typique de l’enfance et de l’adolescence. Et pourtant le film ne cède à aucune facilité ni infantilisme. Ni dans la réalisation, ni dans l’esthétique, ni dans la narration. Les Disparus s’inscrit dans une atmosphère adulte comparable à une œuvre de Fritz Lang ou d’Hitchcock. En adoptant des codes esthétiques et de mise en scène relevant tout à la fois du film noir, du film d’aventures et du film d’horreur, Christian-Jaque créé une aura de mystère palpable qui le rend crédible auprès de tous, enfants, ados, adultes.  C’est une performance tout à fait rare de parvenir à réaliser un film adulte sur l’enfance. Un film où tout le monde s’y retrouve, notamment grâce à un casting exceptionnel.

UN FILM CHORAL. La qualité de l’interprétation est pour beaucoup dans la crédibilité de cette fable où une dizaine de rôles majeurs se donnent la réplique. Bien sûr, les trois enfants (qui tous feront carrière à la TV ou au cinéma) jouent à merveille les membres des Chiche-Capons rêvant d’évasion pour une Amérique fantasmée. Ils tiennent très bien leur rôle face à des acteurs adultes, stars de l’époque, qui eux donnent de la profondeur au récit. J’en citerais deux en particulier, même si tous sont remarquables. Michel Simon, parfaitement ambigu en prof de dessin, artiste raté et alcoolique, qui se révèle pourtant dans son humanité grâce au talent de l’acteur. Erich Von Stroheim, réalisateur maudit, reconverti ici en acteur qui nous montre toute la subtilité de son jeu dans un rôle d’Allemand, à la fois étrange et effrayant. Un personnage d’autant plus digne de méfiance si l’on se rappelle que le film est sorti en 1938.

UN FILM DE SON TEMPS. Le film est un polar fantastique très réussi. Mais pas que. Les références à la guerre et au contexte politique sont réelles et évidentes. Les adultes peuvent s’avérer très critiques vis-à-vis d’une société française considérée comme endormie, tournée vers elle-même et hostile à l’étranger. Les conditions de vie au pensionnat sont rudes, les vivres rares et l’hiver rigoureux. Mais si la situation est difficile, tout espoir n’est pas perdu puisque les enfants démontrent un grand courage face à l’adversité.

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La fiche

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Couleur / noir et blanc :

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