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Lyon dans les années 80. Une femme trompe son mari avec le jeune prof de guitare de sa fille. Une voisine boiteuse et fouineuse mate la liaison de sa fenêtre. Alors qu’un tueur à gage suicidaire se mue en ange gardien. Mais qui espionne qui ? Qui dupe qui ? Saugrenu, drôle, élégant. Une curiosité.
Parce que le récit est délicieusement absurde. Pour l’irrésistible perversité et liberté de ton. Pour les acteurs qui jouent le jeu du décalage, qui s’amusent et nous amusent. Pour l’élégance et la structure originale d’un film qu’on peut classer parmi les classiques du cinéma français des années 80.
BIENVENUE EN ABSURDIE. Michel Deville adapte René Belletto et l’on retrouve dans le film l’irrévérence, la malice et l’humour second degré du romancier. Un jeu de dupes construit à partir de situations incongrues et de dialogues absurdes. Où l’on ne sait jamais qui est voyeur ou victime, qui est manipulateur ou pantin. Le réalisateur nous égare avec une construction originale sous forme de labyrinthe où chaque intersection dévoile un personnage sous un nouveau jour. Une douce folie a gagné ce film qui frise le surréalisme. Les dialogues sont irrésistibles, très littéraires et pourtant très naturels. Ce film dégage un charme vénéneux et étrange tout à fait singulier.
UNE BOURGEOISIE ÉPINGLÉE. Comme Chabrol ou Buñuel, mais avec son style propre, Deville signe ici une critique maligne de la grande bourgeoisie qui cache ses vices derrière une morale apparente de bon aloi. Manipulation, adultère, voyeurisme : tous les thèmes chers à Deville sont ici traités dans une mise en scène d’une grande élégance où les personnages mènent un ballet pervers où chacun cache son jeu. Au passage est également égratignée cette société de l’image où l’intimité se réduit comme peau de chagrin. Visionnaire.
DES ACTEURS INCROYABLES. Anémone en tête. Géniale voisine complètement barrée, malicieuse, séduisante, dont chaque apparition fait mouche. Nicole Garcia et Christophe Malavoy irradient d’érotisme, nimbant le film de leur relation charnelle. Piccoli, étrange et puissant, fait peur (comme d’habitude). Chaque personnage dégage ainsi une folie douce et pourtant crédible. L’intrigue intéresse assez peu finalement. On se laisse embarquer dans cette audacieuse fable sans y croire, et pourtant en étant pleinement convaincus.
Titre original :
Péril en la demeure
Réalisation :
Michel Deville
Scénario :
Michel Deville, Rosalinde Deville
Casting :
Christophe Malavoye, Anémone, Nicole Garcia, Michel Piccoli, Richard Bohringer
Nationalité :
Française
Langue de la VO :
Français
Année de sortie :
1985
Durée :
1h40
Couleur / noir et blanc :
Couleur
Dossier 51 (1978), film d’espionnage de Michel Deville avec François Marthouret, Didier Sauvegrain, Françoise Lugagne.
La vieille qui marchait dans la mer (1991) de Laurent Heynemann, d’après San Antonio. Savoureux. Avec Jeanne Moreau et Michel Serrault.
Diva (1981). Film de Jean-Jacques Beineix. César du meilleur premier film. Un film d’auteur, décalé, qui n’oublie pas un certain humour noir. Avec Wilhelmenia Wiggins Fernandez, Frédéric Andréi, Richard Bohringer et Thuy An Luu. Toute une époque.