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Quelque-part dans le Sud, quelque-part dans le temps. Fanny Ardant, Bogart et Bacall à la fois, s’agite (en imperméable) pour tenter de résoudre le mystère des meurtres qui viennent troubler une petite ville et pour lesquels son patron est suspecté. Le dernier film de François Truffaut. Savoureux, élégant, ludique et lettré.
Parce que des cinq polars de Truffaut (Tirez sur le pianiste, La mariée était en noir, La Sirène du Mississipi et Une belle fille comme moi), c’est de loin le plus facétieux. Car c’est un film rieur mais loin d’être mineur. Car c’est une fantaisie drapée dans les codes du film noir. Pour la voix de Trintignant. Car François Truffaut offre à sa femme Fanny Ardant un thriller amoureux taillé sur mesure.
JEU DE STYLES. Ce film est clairement un clin d’œil aux films Hitchcokien façon Jeune et Innocent (Young and Innocent, 1937), où une femme amoureuse, volontaire et intrépide, mène l’enquête pour disculper un homme injustement soupçonné. On retrouve dans ce film délicieux et érudit, les codes du film noirs, mais réinvestis et détournés par notre héroïne survoltée, tantôt Bogart, tantôt Bacall. Truffaut, grand admirateur du maître, ne s’est pas arrêté là. Il s’est également inspiré de l’ambiance mystérieuse et brillante des comédies américaines d’autrefois, dont Howard Hawks était le maître incontesté. Où la guerre des sexes fait rage dans un affrontement joyeux et où les rapports de force s’inversent, la femme agit et l’homme subit. Absolument savoureux.
JEU D’AMOUR ET DU HASARD. Les acteurs s’amusent et nous amusent. Ardant et Trintignant se défient, se chamaillent, se coupent la parole dans une frénétique quête de la vérité, prétexte à leur histoire d’amour naissante qui est le vrai thème du film. François aime Fanny et lui offre ce film, son dernier. Avec un rôle magnifique où elle apparaît belle, rebelle, fantasque et courageuse. Elle est de tous les plans, de toutes les audaces.
JEU D’ACTEURS. Dans cette parodie érudite, les personnages aussi «se font leur cinéma» et peuvent se comporter comme des spectateurs devenus acteurs, hésitant parfois sur leur rôle : «on peut attendre et voir la suite…». D’ailleurs Fanny A. cache sous son imper le costume de la pièce de théâtre qu’elle joue en amateur : elle a juste changé de rôle. Tout est jeu et travestissement, alors peu importe la vraisemblance, le tout est que l’on s’amuse.
Titre original :
Vivement Dimanche !
Réalisation :
François Truffaut
Scénario :
Jean Aurel, François Truffaut
Casting :
Fanny Ardant, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Kalfon, Philippe Laudenbach, Caroline Sihol
Bande Originale :
Georges Delerue
Nationalité :
Française
Langue de la VO :
Français
Année de sortie :
1983
Durée :
1h55
Couleur / noir et blanc :
Couleur
Les autres polars de Truffaut n’ont pas du tout le même esprit ludique, mais sont tous très réussis et singuliers.
Tirez sur le pianiste (1960). D’après l’oeuvre de David Goodis (Down There). Polar jazzy avec Charles Aznavour, Marie Dubois, Michèle Mercier.
La mariée était en noir (1968). Une histoire de vengeance et de mort. D’après William Irish. Avec Jeanne Moreau, Michel Bouquet, Jean-Claude Brialy.
La Sirène du Mississipi (1969). Polar vénéneux d’après Cornell Woolrich. Avec Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Michel Bouquet.
Une belle fille comme moi (1972). Un jeune socialogue naïf se penche sur le cas d’une belle tueuse. Avec la pulpeuse Bernadette Laffont.
Jeune et Innocent (Young and innocent, 1937). Clairement une inspiration pour Truffaut. Du charmant Hitchcock période anglaise. Avec Derrick de Marney, Nova Pilbeam, Percy Marmont.
La dame du vendredi (His girl Friday, 1945). Comédie pétillante de Howard Hawks. Avec Abner Biberman, Cary Grant, Rosalind Russell.