J’ÉTAIS DORA SUAREZ, de Robin Cook

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Il y a un avant et un après Dora

Le pitch

Un roman de deuil, dixit Robin Cook himself, où la scène inaugurale prend aux tripes avec un double assassinat. Pourquoi a-t-on massacré à la hache Dora Suarez, cette jeune prostituée séropositive londonienne ? Pourquoi l’inspecteur chargé de l’enquête en fait-il une telle obsession ? Jusqu’où ira le Mal ? Septième ouvrage de l’Anglais Robin Cook, écrit dans un style sec et brutal, J’étais Dora Suarez marque un tournant dans l’histoire du roman noir. A lire absolument (si on a le cœur bien accroché).

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que Robin Cook a définitivement ouvert une brèche où de futurs auteurs comme David Peace s’engouffreront. Cette ultra violence pourra paraître too much pour certains, et c’est là que c’est passionnant. On adhère ou pas, mais il y a un avant et un après J’étais Dora Suarez. Pour ma part, il est directement entré dans le top 10 de mon panthéon personnel.

POUR CETTE VOIX UNIQUE ET SINGULIÈRE. Un des plus grands auteurs de romans noirs anglais contemporain, mu par une obsession du mal et un sentiment de révolte face à l’injustice qui se dessinent au travers de toute son œuvre.  Au début des années 80, ses romans d’une noirceur sans précédent font exploser l’univers bien organisé des whodunits et autres romans de détection à la Agatha Christie.

POUR DORA, personnage qui a ensorcelé son créateur. A l’origine de Dora Suarez, il y a la photo d’une femme assassinée prise par les services techniques de la police. Une image que Robin Cook a ensuite habillée de ses fantasmes, jusqu’à l’obsession.

POUR LE POLICIERr qui plonge corps et âmes dans cette enquête finissant pas se lier étroitement avec la victime, nourrissant sa détermination à trouver le coupable.

POUR LA NARRATION À TROIS VOIX, d’une grande force et sincèrement originale, où l’auteur donne la parole à Dora, la victime, par le biais de son journal intime. Mais aussi au flic et au tueur. Un trio qui donne toute sa dimension au récit, qui nous met dans la tête des personnages et nous en fait visiter les moindres recoins, sans épargner son lecteur.

CAR C’EST UNE OEUVRE D’UNE INSONDABLE NOIRCEUR, vraiment dérangeante, dont la lecture est éprouvante. Cette immersion dans la souffrance s’explique par la vision que Robin Cook avait du roman noir :  non pas une fiction agréable à lire mais au contraire « qui cherche à présenter avec le maximum de force l’état psychique ultime de ceux qui en sont arrivés à un point où il n’y a plus d’espoir. »

Partager :
FacebookTwitterEmail

La fiche

Auteur(s) :

Titre français :

Titre original :

Date de publication originale :

Date de publication en France :

Éditeur :

Traduction :

Autres :

Où se procurer

Si vous avez aimé, découvrez du même auteur

Le cycle de l’Usine (du nom de la section fictive A14 spécialisée dans la résolution des affaires de décès non élucidés) : avec J’étais Dora Suarez, 4 autres romans bien serrés : On ne meurt que deux fois (He Died With His Eyes Open, 1984), Les mois d’avril sont meurtriers (The Devil’s Home On Leave , 1984), Comment vivent les morts (How The Dead Live, 1986), et Le mort à vif (Dead Man Upright , 1993).

Les mois d’avril sont meurtriers (1987). L’adaptation ciné par Laurent Heyneman est remarquable, poisseusse et cynique. Avec Pean-Pierre Marielle, Jean-Pierre Bisson et François Berléand. Voir ci-après.

On ne meurt que deus fois (1985), film de Jacques Deray. Même s’il est très éloigné du livre, reste un très bon film. Avec Michel Serrault et Charlotte Rampling.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Robin Cook a préface Sévices, le roman noirissime de Ted Lewis (1940-1982). C’est dire la filiation.

Toujour Ted Lewis, lire aussi Le retour de Jack (Get Carter dans sa nouvelle traduction) qui a donné lieu à un film intense de Mike Hodges : La Loi du Milieu (Get Carter, 1971). Une expérience dans les bas-fonds de Newcastle dans les 70ies.

L’univers de James Ellroy est sans conteste dans l’esprit de Robin Cook.