L’ÉCHAPPÉE, de Jim Thompson

Livre
Bien
Très bien
Un Must
L’amour en fuite

Le pitch

La cavale de Doc McCoy et Carol, couple de gangsters a priori très amoureux, tourne à la fuite en avant paranoïaque dès lors que les mauvais coups du sort commencent à s’accumuler. Adapté à l’écran par Sam Peckinpah (Guet-Apens,1972) ce très bon Jim Thompson, injustement méconnu, mérite d’être (re)découvert, dans le texte.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car Jim Thompson (1906-1977), mort dans l’indifférence, est aujourd’hui considéré comme un très grand auteur, pessimiste notoire, intéressé par la face la plus sombre du monde contemporain, à l’instar d’un Dashiell Hammett en son temps. Pour une traduction révisée qui redonne toute sa force à cette histoire d’amour paranoïaque. Car cette Échappée, méconnue sous sa forme littéraire, est un petit bijou de noirceur.

UNE TENSION PALPABLE. Jim Thompson dit beaucoup avec peu de ronds de jambe. Son écriture millimétrée est ici au service d’une cavale haletante, menée sans temps morts, riche de son bon lot de surprises. Après un hold-up réussi sensé les mettre à l’abri du besoin pour un moment, notre couple de braqueurs va se heurter aux coups du destin. Une tension insidieuse, nourrie par une crise de confiance aiguë, va progressivement transformer cette Échappée en un véritable cauchemar. Car comme toujours chez Thompson, l’âme humaine est forcément noire et le pessimisme toujours au rendez-vous. Un récit glaçant à tous points de vue.

PARANOÏAQUE ET CLAUSTROPHOBIQUE. Doc et Carol s’aiment passionnément, cela va sans dire. Mais quand même, alors que le sort s’acharne sur eux, le terrible poison du doute va venir s’immiscer dans leur couple pour y semer une tension vénéneuse qui nous mènera jusqu’à une éprouvante scène claustrophobique. Faites place nette au jeu de massacre, où chaque obstacle révèle une nouvelle facette de la noirceur des personnages.

MONSTRES ET CIE. « Nothing is as it seems» (Rien n’est ce qu’il paraît), répétait le grand écrivain américain. Sous sa bonhommie apparente et son allure de gentleman, Doc McCoy est un redoutable tueur. Et Carol, l’ex-bibliothécaire bien sous tous rapports, n’en n’est pas moins une psychopathe en puissance. On ne s’étonnera donc pas de les voir se suspecter mutuellement des plus intentions les plus viles. De craindre la trahison de cet alter ego qu’on ne reconnait plus et qui se mue en potentiel traitre, susceptible de devenir un sérieux obstacle. À éliminer ?

Partager :
FacebookTwitterEmail

La fiche

Auteur(s) :

Titre français :

Titre original :

Date de publication originale :

Date de publication en France :

Éditeur :

Traduction :

Autres :

Si vous avez aimé, découvrez du même auteur

L’échappée a été adapté à deux reprises au cinéma.

  • Guet-Apens (The Getaway,1972) de Sam Peckinpah, avec Steve McQueen et Ali MacGraw. A voir absolument.
  • Son remake des années 1990 avec Alec Baldwin et Kim Basinger est en revanche tout à fait dispensable.

Parmi les films adaptés de ses autres œuvres, je vous recommande particulièrement :

  • Les arnaqueurs (The Grifters, 1990). Film américain réalisé par Stephen Frears. Avec John Cusack, Anjelica Huston et Annette Bening.
  • Série noire (1979). Film français réalisé par Alain Corneau, d’après le roman Des cliques et des cloaques / Une femme d’enfer (A Hell of Woman). Avec Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant et Bernard Blier.
  • Coup de Torchon (1981). Film français réalisé par Bertrand Tavernier d’après Pottsville, 1280 habitants, avec Philippe Noiret, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle et Stéphane Audran.

Rien que du très bon chez Big Jim. Si on pioche (presque) au hasard dans sa bibliographie :

  • Le démon dans ma peau, 1966 (The Killer Inside Me, 1952)
  • Nuit de fureur, 1983 (Savage Night, 1953)
  • Les alcooliques, 1984 (The Alcoholics, 1953)
  • Des cliques et des cloaques, 1967 OU Une femme d’enfer, 1988 (A Hell of a Woman, 1954)
  • Les arnaqueurs, 1988 (The Grifters, 1963)
  • La mort viendra, petite, 1988 (After Dark, My Sweet, 1955)