LONDINIUM, d'Agnès Mathieu-Daudé

LE PLEIN DE RÉFÉRENCES. Le détective héros de cette série est délicieusement désuet. Obsédé par la vérité, il a été doté par l’autrice d’une série de particularités héritées de ses illustres prédécesseurs. Arsène (comme Lupin) fume la pipe (au lucernum, un dérivé de l’opium ?) comme Sherlock. C’est un dandy qui accumule des petites manies comme Poirot (mais il refuse de se faire friser la moustache !). Sans oublier une certaine ressemblance avec le lapin d’Alice au Pays des Merveilles de par son attachement viscéral à sa montre gousset. Truculent.

UNE FABLE FASCINANTE. Elle décrit un univers dépaysant où cohabitent pacifiquement animaux et humains dans un équilibre précaire où chacun a choisi de déposer les armes et d’abandonner ses penchants de prédateurs. Le récit démarre avec la découverte progressive de signaux inquiétants quant à la pérennité de ce statu quo. Difficile de renoncer à sa nature profonde !

UNE ANALYSE DE NOS SOCIÉTÉS. Cette uchronie dénonce la xénophobie et autres tentations autoritaires passées, présentes et futures. Les grands thèmes soulevés dans le cours de l’investigation résonnent avec l’actualité : immigration, discriminations, montée du populisme, repli sur soi, urbanisation à outrance, enjeux écologiques… Un véritable précipité des maux de notre siècle.

UN HÉROS DRÔLE ET AGAÇANT. Cette énigme menée à l’anglaise où un lapin enquêteur un peu couard cite Spinoza, les fables d’Esope et lit le Grec ancien dans le texte, est tout à fait charmant. Et agaçant ! Un héros pas si bête qui fera réfléchir nos chers petits. Enquête à suivre dans le tome 2…