À partir d’un crime non élucidé, un fait divers atrocement ordinaire, Dominik Moll signe La Nuit du 12, l’un des meilleurs films français de ces dernières années, sur un sujet éternel : le rapport de la société aux femmes. Avec ses corollaires, le patriarcat, la brutalité des hommes, la misogynie ordinaire autant que criminelle. « À la PJ on raconte que chaque enquêteur a une histoire qui le hante, un crime qui fait plus mal que les autres et qui l'empêche de dormir ». Pour Yohan, jeune policier de Grenoble, c’est le meurtre sordide de Clara, 21 ans. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12. Un film bouleversant, d’une sobriété exemplaire. Un polar féministe, sans coupable ni noirceur excessive, absolument saisissant d’humanité et de compassion. Le film français le plus fort de 2022 par son universalité, sa puissance formelle, la qualité de son écriture, l’intelligence du casting. Une réussite majeure, à voir absolument.
La Nuit du 12, de Dominik Moll (1h54, 2022). D’après 18.3 : une année à la PJ de Pauline Guena (Denoël, 2020). Avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi, Johann Dionnet, Thibaut Evrard, Julien Frison, Paul Janson, Mouna Soualem, Anouk Grinberg.