"Mais il est nécessaire au prince de bien cacher le naturel de son caractère et d'avoir grande facilité à feindre et simuler. Les hommes sont si simples et obéissent si bien aux nécessités présentes que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un qui se laissera tromper. Gouverner, c'est faire croire."
Machiavel - Le Prince
Quand les auteurs s’inspirent du côté obscur de la politique. Pour stigmatiser le cynisme du monde. Clamer haut et fort ce que beaucoup pensent tout bas. Dire et s’indigner de ce que des médias, soumis à l'obligation de produire des preuves, ne peuvent pas écrire. Mettre sur la place publique les maux et déviances de la politique. C’est ce qu’autorise le polar, genre inquiet par excellence où des auteurs militants peuvent y prendre le recul nécessaire pour dégager les structures des évènements. Dresser des portraits sombres de personnages politiques apparemment au-dessus des règles et de tout soupçon. S'attaquer aux coulisses du pouvoir, en dénoncer ses excès, ses tensions, ses mensonges et ses trahisons. Voire ses liaisons dangereuses ou douteuses avec le crime organisé, quitte à frôler la paranoïa ou la théorie du complot. Vaste terrain de jeu pour des auteurs engagés, souvent (très) à gauche, mais pas que.
Alors, tous pourris ? Le pouvoir peut-il s’exercer sans excès ? Les campagnes politiques font-elles de bons polars ? Toute ressemblance avec des personnages ou contextes politiques existants serait purement fortuite dans cette newsletter #20 consacrée au polar politique. Longtemps resté l’apanage des Américains, façon Sidney (Pollack et Lumet) ou Ellroy (Underworld USA), mais qui désormais n’épargne plus aucun continent où le roman noir s’attaque à la réalité politique pour en explorer les angles morts, les recoins sombres, gratter le vernis et donner la parole à ceux qui ne l’ont plus.
Laetitia