Problématique d’actualité qu’on est en droit de soulever en cette journée du 8 mars : du rôle et de l’apport de la gent féminine dans le domaine du polar. Vaste question. D’autant plus ardue à poser au regard d'un univers sur lequel pèsent des présupposés, clichés, lieux communs et autres vulgarités selon lesquels ce genre, plus que tout autre, serait ultra masculin tendance machiste. Pas tout à fait faux. Mais pas complètement vrai non plus.
Longtemps, le polar a été une affaire d’hommes, les femmes occupant des rôles secondaires, périphériques, voire inexistants. Filles de joie ou pipelettes, victimes les plus souvent. En alternative, la femme fatale née du genre noir jouait de la fascination érotique et des passions qu’elle faisait naître pour mener sa barque et accessoirement le héros à sa perte. C’est donc comme figure éminemment maléfique que la femme s’est invitée dans cet univers marqué par le scandale, l’excès et l’outrance de ses représentations. Il aura fallu le nouveau millénaire, et l’explosion des séries notamment, pour voir le genre s'emparer des mutations de la société et tailler en nombre des héroïnes fortes, puissantes, complexes.
Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, cette newsletter #17 exceptionnellement envoyée un mardi pour l'occasion, est consacrée aux femmes qui parlent de femmes. Aux voix féminines qui ont engendré des Reines du crime dignes de ce nom. De celles qui ont pris des coups et savent les rendre. Des femmes de caractère, émancipées, névrosées, parfois violentes, le plus souvent attachantes, qui dévoilent, par leur seule présence et particularités, des rapports sociaux de sexe en ligne avec une certaine réalité. C'est peu dire qu'elles n'ont plus rien à voir avec la Miss Marple d'Agatha Christie. Avec leurs excès et leurs failles, elles se rapprochent davantage des antihéros masculins qui doivent désormais partager plus équitablement les plates-bandes viriles du polar. Ce n'est que justice.
Belle journée, et rendez-vous dans une quinzaine.
Laetitia